Snoop Dogg et Dam-Funk croisent deux visions du funk, electro et gangsta, sur 7 Days of Funk : un pur moment d’extase. Rencontre et critique.

Rencontrer Snoop Dogg et Dâm-Funk, c’est un peu revisiter l’histoire du funk. Nés tous deux en 1971 à Los Angeles, ils ont été biberonnés aux classiques de James Brown, ont grandi à l’époque où George Clinton, Sly Stone et Slave électrocutaient le brushing gominé du maître, avant de frayer dans les funk parties californiennes et d’en tirer, chacun de son côté, une vision personnelle : électro-funk pour Dâm-Funk, gangsta rap pour Snoop Dogg. Deux versions d’un même groove qu’ils croisent aujourd’hui sur 7 Days of Funk, soit un drive-by funky dans le L.A. de la grande époque.

Sur le papier, la collaboration est surprenante : d’un côté, le producteur Dâm-Funk, respecté par un cercle de connaisseurs mais méconnu du grand public; de l’autre le rappeur Snoop Dogg, superstar du genre, abonné à des scores de ventes dantesques. Et pour faire crépiter la gargote, motiver les troupes et propulser l’affaire dans les bacs, Peanut Butter Wolf et son irréprochable label Stones Throw Records (Madlib, Jay Dee, Dâm-Funk…), une structure confidentielle qui écoule sa came depuis plus de 20 ans auprès d’exigeants amateurs de soul, de funk et de rap. On flaire l’intérêt de chacun dans cette affaire, en termes d’image ou de crédibilité, mais la réalité est plus triviale, plus simple et plus belle. Peanut Butter Wolf, fondateur et patron du label, en est encore tout surpris : "Honnêtement, je ne pensais même pas que Stones Throw était sur le radar d’un mec comme Snoop Dogg. Mais après avoir discuté avec lui, j’ai réalisé qu’il voulait faire un album avec les beats de Donuts (de Jay Dee - ndlr) et bosser avec Madlib… Il m’a dit : 'Les gens croient que je suis juste capable de rapper sur des trucs de G’s, mais je suis à fond sur vos trucs hip-hop'. Je lui ai répondu : 'Les gens pensent que Madlib est juste capable de produire ces trucs hip-hop, alors qu’il est parfaitement à l’aise avec des trucs de G’s'."

7 Days of Funk ressemble en effet à une affaire de passionnés, si l’on en croit Snoop Dogg :

«J’ai toujours fait un ou deux titres de funk sur mes albums, mais jamais un disque en entier, pose le rappeur. Le funk, c’est ma vie, ma culture, le gangsta rap vient du funk. Et Dâm-Funk est parfait pour ça : son funk est chargé d’histoire mais moderne en même temps. Simple as that !»

Derrière ses yeux rieurs et passablement défoncés - la rencontre a lieu à Amsterdam et nos deux hôtes s’en donnent cœur joie -, on sent en effet le briscard qui n’a rien à perdre ni à prouver, mu par un bel enthousiasme pour cette chose funky qui a bercé sa vie comme celle de son compère. Et c’est précisément ici, dans un patrimoine funk tel que ces deux lascars aux yeux de Chinois le vivent depuis quatre décennies, que s’enracine 7 Days of Funk. Passé, présent et futur.